Bari est une des rares villes qui possèdent deux cathédrales et deux saints patrons. Le 14 août 1785, le conseil municipal de Bari a élu, par vote secret, saint Nicolas saint patron de la ville. Il semble que les reliques de saint Nicolas aient été transférées, entre l’an 845 et l’an 886, suite au saccages subis par la ville de Canosa assiégée par les émirs sarrasins de Bari. Plus tard, elles ont été découvertes par l’archevêque Elia (fondateur de la basilique). Le culte de saint Sabin, qui n’est pas né sur initiative de la population, n’a jamais été très fervent dans la ville, et est toujours passé au second plan, vu la renommée incontestable de saint Nicolas.
Sabin, né en l’an 461 à Canosa (grosse bourgade située à environ 50 km de Bari), est devenu évêque de sa ville natale à l’âge de 53 ans. C’était l’époque de Théodore, roi des Goths, et de Totila ; Sabin œuvra pour protéger sa ville et son diocèse au cours des guerres gothiques-byzantines. Il mourut à 105 ans, le 9 février 566. Commencèrent alors de longues vicissitudes pour ses reliques, vicissitudes qui concernèrent la cathédrale de Bari, mais aussi la ville entière. Les reliques de saint Sabin furent tout d’abord déposées dans l’église paléochrétienne de Canosa ; elles disparurent et furent retrouvées deux fois, et on finit par les conserver dans la cathédrale de Canosa. Entre l’an 845 et l’an 886, époque où Canosa fut spoliée de ses richesse par les envahisseurs sarrasins, l’évêque Angelasio les aurait transportées à Bari. L’abbé Elia les retrouva en 1091 dans la cathédrale et les y laissa. Récemment, des recherches effectuées sur le lieu de la sépulture de saint Sabin ont mis au jour une grande partie des reliques de ce dernier, ainsi que des reliques des évêques de Canosa Memore et Rufino. Mais les habitants de Canosa affirment au contraire que les reliques de leur saint se trouvent sous le pavement de la crypte de leur cathédrale, où les avaient déposées l’évêque Pietro.
Dans la crypte de la cathédrale de Bari, nous pouvons voir une icône de la Vierge de Constantinople : il s’agit d’une icône typique de l’iconographie byzantine. Cette œuvre de Polvisino da Putignano, qui s’est inspiré d’une icône de la Madonna Odegitria, date du milieu du XVIe siècle. L’icône de la Vierge de Constantinople est arrivée jusqu’à Bari en l’an 733, après l’édit de Léon III, empereur iconoclaste. La fête de la Madonna Odegitria est célébrée le même jour (le premier mardi du mois de mars) aussi bien à Istanbul qu’à Bari, ce qui témoigne du lien ancestral qui unit Bari et Byzance. Mais il existe une autre fête qui atteste l’influence des traditions byzantines sur Bari, ville qui représente depuis des siècles un pont entre l’Orient et l’Occident du point de vue œcuménique; il s’agit de la fête de la Saint Jean : les gens se retrouvent dans la cathédrale, dont les ouvertures de la rosace reprennent le motif de la mosaïque qui orne le sol devant l’autel ; à un certain moment de la journée, les rayons du soleil pénètrent à l’intérieur de l’édifice par la rosace, et viennent se poser exactement sur les dessins de la mosaïque. C’est la Fête de la Lumière.